J'ai de nouveau recours à Couch Surfing pour trouver un enroit où dormir. Je préfère toujours dormir chez l'habitant ou sous la tente que dans un hôtel surtout qu'ici (selon mon guide) il y a parfois des micros dans les chambres.

Achkhabad est une ville incroyable avec de magnifiques bâtiments en marbre, des palaces, des avenues gigantesques et des parcs aux profondes perspectives qui donnent la plupart du temps sur ... une statue du président Niazov !

Niazov est devenu président (à vie) lors de la chute de l'URSS. Ce secrétaire général du parti communiste au Turkménistan sans envergure est devenu dictateur du jour au lendemain.
Il a mis en place dans ce pays un culte de la personnalité qui dépasse de loin celui qu'il y a en Iran pour Komeini et Khamenei. Des statues en or dont une qui tourne pour rester toujours face au soleil, des affiches à son effigie, etc ... La plus grande mosquée d'Asie centrale se trouve au Turkménistan et est dédiée à sa mère décédée lors du tremblement de terre de 1949 qui rasa entièrement Achkhabad.

Il y a au Tukmenistan les très riches et les très pauvres. Si on est proche du pouvoir ou si on travaille pour le gouvernement la vie est confortable. Ici pas d’opposition et la police est corrompue.

Pour finir le tableau, Niazov a écrit un livre que tout le monde a été obligé d'étudier au Turkménistan : Le Ruhnama. Dans ce best seller obligatoire, Niazov réécrit l'histoire à sa manière et expose les lignes de conduites morales pour la nation Turkmène. Il considere son livre comme l'égal de la Bible et du Coran.

Niazov est décédé en 2006 mais son successeur n'a pas l'air de vouloir changer grand chose à la situation actuelle. Bien sur les pays occidentaux ferment les yeux car le Turkménistan dispose de la 5ème réserve mondiale au monde de gaz. Pour la petite info Bouygues s'est empressé de traduire en Français le 2eme tome du Ruhnama afin d'obtenir de juteux contrats.

Voici quelques photos de la capitale complétement reconstruite lors de la présidence de Niazov ...


Première vision surnaturelle d'un palais aux portes du désert

Ces bâtiments sont tous en marbre

Encore du marbre ... et de l'or

Ces batiments sont plus luxueux les uns que les autres. Ils s'agit de batiments officiels

Reflet de la place du palais présidentiel


Par contre la population habite ici !

Passée la phase d'émerveillement des premières heures Achkhabad semble vide, sans âme. En parcourant la ville je n'ai trouvé aucune gaieté dans les rues mais des employés qui passent leur temps à nettoyer. Je trouve que cette ville est une démonstration du pouvoir de l'argent mis dans de mauvaises mains.

PS : "la ville qui n'existait pas" est une BD du maître Enki Bilal qui racontre l'échec d'une tentative de création d'une cite parfaite. J'avais en tête cette BD en parcourant la ville.
Notre visa Turkmène commence le 8 juillet. Nous avons donc 5 jours pour arriver à la frontière et bien peu de kilomètres. On décide de prendre des petites routes. Le paysage est souvent grandiose et le temps est très sec. Nous n'avons pas eu une goutte de pluie depuis une trentaine de jours ...

C'est un plaisir de rouler sur ces chemins aux paysages infinis

Un village traditionnel Iranien

Toujours en encore des rencontres. Nous sommes ici chez des fermiers. Nous dormirons dans la cour.

Après les régions semi-désertiques on prend toujours plaisir à voir "du vert". Ici les forêts sont belles par définition. Je me suis surpris à prendre en photo un arbre comme s'il s'agissait d'un beau monument !

A la frontière nous sympatisons avec les douaniers qui nous proposent de planter la tente dans un endroit calme et sécurisé près des entrepots de la douane. Demain c'est le Turkménistan ! Nous n'avons qu'un visa de 5 jours. Je vais donc prendre le train entre Achkhabad et Turkménabad. Cédric de son coté va tenter le défi de parcourir les 700 km en 5 jours en traversant le désert le plus chaud d'Asie Centrale : le désert de Karakoum.

Nous avons rencontré Maryam chez Réza. Elle est de Téhéran et voyage pour visiter son pays. Elle semble avoir beaucoup de connaissances sur les personnes illustres de l'Iran et adore parler de ce qu'elle aime. Ca tombe bien, Khayyam est son poète préféré.

La tombe de Khayyam. Des vers sont écrits sur chaque face du bâtiment

Après avoir visité la tombe on s'assoit sur un banc. Il fait beau, un petit vent nous rafraîchit. D'une boutique derrière nous nous parvient de la musique traditionnelle Iranienne. Maryam ouvre son livre de poèmes et commence à déclamer les vers qu'elle nous traduit ensuite en anglais. On passe un très bon moment ensemble.

Khayyam est très respecté en Iran ce qui est paradoxal vu certains sujets "subversifs" qu'il aime mettre en vers. A l'époque où Rabelais n'était pas né, Khayyam nous fait du Baudelaire. Je vous offre ce poème suivi d'une miniature, autre domaine artistique de la culture Iranienne.

Je bois, et les bien-pensants
de droite et de gauche clament
Que j'ai grand tort, car le vin est l'ennemi de l'islam.
L'ennemi ? Eh bien, tant mieux !
Boire le sang ennemi
Est sans conteste oeuvre pie :
je m'en veux gorger, par Dieu!

Désormais nous renonçons
aux prières journalières,
Fermement nous adoptons
les allures libertaires:
Partout où l'on verse à boire,
nos bons amis nous verront,
Semblables aux carafons,
le cou tendu sur les verres!

Depuis que brillent les feux
de Vénus et de la lune,
A-t-on trouvé mieux
que ce nectar: le vin pur?
Je suis dans l'étonnement
du dessein du tavernier:
Que veut-il donc acheter
de meilleur que ce qu'il vend?



"Viens t'asseoir, ô ma charmante, avec la coupe et le broc"



On finit la journée en beauté par la visite d'une mosquée


Jolie photo prise par Maryam au pied de la mosquée

Note : Nous devons recuperer le visa Turkmene le 3 puis nous partons en direction de la frontière. Le visa Turkmene est limité à 5 jours du 8 au 12, je vais donc prendre le train pour traverser le territoire et essayer de visiter une ou deux villes. De son côté Cédric va tenter de tout faire en velo au pas de course.
Je ne mettrai pas de nouveaux messages avant le 15 juillet. Nous serons alors en Ouzbekistan.
Et c'est reparti pour la course au visa :
  • On se rend d'abord à la banque pour payer les 20$ pour l'extension puis retour au bureau des passeports où on fait la queue un bon moment pour apprendre qu'il faut aller en bas de la rue faire des photocopies certifiées et récupérer un dossier.
  • On revient au bureau des passeport et on refait la queue. On nous donne 2 formulaires à remplir. Au moment de les rendre on nous dit qu'il faut les écrire en Farsi. On va donc voir une traductrice qui pour quelques billets nous fait la traduction.
  • On sent qu'on est pas loin de la fin du marathon ! Ah? Il faut maintenant aller à l'arrière du bâtiment aller trouver les chefs de la fille du guichet pour savoir si notre demande est acceptée ? Mais on a déjà payé ?! Ah ça ne garantit rien ? Bon d'accord ...
  • On se trompe de chefs mais on tombe sur d'autres qui nous renvoient au guichet. Inutile de dire qu'on la connaît très bien la dame du guichet qui prend enfin nos passeport et nous dit de revenir dans 3 jours
  • On rentre chez Reza et je dors toute l'apres midi !

3 jours plus tard on a enfin nos 15 jours d'extension.

Je vous fais grâce de la demande du visa Turkmène et je vous promets que le sujet de demain sera plus culturel.

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