Mashad est la 2eme plus grande ville d'Iran avec 2 millions et demi d'habitants.
Elle est une des principales villes saintes du Chiisme duédécimain. 10 millions de pélerins viennent prier dans le Mausolé du 8eme Imam Ali ar-Rida.

Notre premier objectif de la journée est de demander une extension de visa en Iran. En effet il nous reste 2 jours de validité et il va vite falloir trouver une solution ou quitter rapidement le pays.

Je vous liste les étapes de notre espèce de jeu de l'oie qui s'est terminé vers 13h.
  • Levé vers 6h du mat' pour un départ rapide à 7h15. On effectue rapidement les 30km qui nous séparent de la ville (vent arrière, avancer de 2 cases)
  • A l'entrée de la ville une personne nous arrête et nous demande si on a besoin d'aide. Ca tombe bien ! On lui demande si elle sait où il est possible de faire une extension de visa à Mashad. Malheureusement après quelques coups de fil elle ne peut que nous indiquer un bâtiment qui devrait avoir la réponse mais qu'on n'a jamais trouvé. (passer votre tour)
  • On arrive près d'un grand parc et je me rends dans un bâtiment qui me semblait être pour les touristes. A priori ce n'est pas le cas mais je trouve une carte de Mashad (doubler la vitesse de tous vos déplacements)
  • Toujours dans ce parc on discute ensuite avec un policier qui a la réponse mais n'arrive pas à nous la communiquer en anglais. On trouve un traducteur et on a enfin une adresse et un point sur la carte où aller. Il s'agit de la sucursale du ministère des étrangers qui se trouve à plusieurs kilomètres.
  • On trouve le ministère où on remplit des formulaires pour ensuite faire 3 bureaux afin de recueilllir des signatures. Nous sommes plein d'espoirs mais on nous apprend qu'il faut maintenant aller à l'autre bout de la ville aux bureaux des passeports. C'est reparti pour une traversée de Mashad, youpi!
  • Dans le bureau des passeports une première personne nous envoie vers une deuxième qui nous dit qu'il est midi et qu'il faudra revenir demain (suite au prochain épisode...)
  • Comme nous sommes toujours en forme nous décidons de chercher le consulat Turkmène qui doit nous permettre d'avoir un visa de transit. Malheureusement il est fermé et il faudra revenir.

Il est 13h et je téléphone à Réza trouvé grâce à internet Il nous donne rendez-vous vers le centre de la ville (!) dans un restaurant où on déguste la spécialité de Mashad : le Dizi (une espèce de cassoulet au mouton).

Vers 15h on part pour son appartement où on a très envie de se reposer. C'est sous une écrasante chaleur qu'on effectue de nouveau 30 minutes de vélo à travers la ville. Pendant cette journée on aura fait 40km dans Mashad ...

Le soir, la soirée passée ensemble nous mène tard dans la nuit. Le lendemain, levé à 6h pour continuer le marathon de l'extension de Visa. Il reste 1 jour avant que notre visa ne soit plus valide! (Quel suspense dans ce blog... :-) )

On continue notre moyenne journalière de 100 km par jour. On se lève vers 6h du matin pour décoller vers 8h. Quand il commence à faire beaucoup trop chaud on fait une pause de 3-4h puis on reprend le vélo vers 15h30. Bien qu'on essaie d'éviter les grosses températures on se retrouve parfois à pédaler par 40 degrés à l'ombre ...

Toujours égaux à eux-mêmes les Iraniens se montrent toujours aussi accueillants. Le 14 c'est Amin qui nous accompagne jusqu'à une forêt où l'on plante la tente et le 16 lors d'achat dans un magasin Hadi le propriétaire nous invite à dormir chez lui.


Chez Hadi. Il est courant en Iran de boire le thé directement par terre sur le tapis. Hadi nous dit que celui-ci coute le prix d'une belle voiture. Surtout ne rien renverser ... :-)

L'Iran a une grande diversité de paysages et on passe rapidement d'un paysage de montagne parsemé de forêts ...


... à de grandes étendues semi-arides



En approchant de Mashad, lieu saint chiite, le nombre de mosquées augmente. Certaines sont particulièrement impressionnantes.


La côte de la mer Caspienne est chaude et humide, climat idéal pour des rizières.
Le travail semble très dur. On voit souvent beaucoup de femmes (et quelques hommes) pliés en deux, les pieds dans la boue.

Vers Hastpar nous faisons une de nos pauses quotidiennes pour se ravitailler dans une des multiples épicieries. Comme d'habitude une personne vient nous parler, puis une deuxième, etc ... Au bout de 10 minutes nous nous retrouvons une vingtaine. On nous offre le thé pendant que nous expliquons notre voyage. Quelqu'un nous propose de venir manger dans son restaurant et nous refusons. Il est 11h et on sait par expérience qu'on peut se retrouver dans un plan "foireux". Il faut dire aussi qu'avec nos amis Perses on ne sait jamais si la proposition est une vraie proposition ou non. Souvent on nous propose un thé ou même de venir dormir mais quand nous acceptons la proposition n'est pas concrétisée. D'ailleurs c'est souvent comme ça ici. Il faut refuser plusieurs fois ,et si la personne insiste réellement alors là, c'est une vraie proposition.

Bref nous revoilà partis, mais après 1 km notre restaurateur nous hèle sur le bord de la route. Il avait anticipé notre départ et avait pris sa voiture pour être sur de ne pas nous rater. Nous ne pouvons plus refuser et nous mangeons notre meilleur repas en Iran. Notre restaurateur, un peu nostalgique, nous montre des photos de lui en Autriche puis nous sort son vieille album de photos de foot des années Platini. Pendant le repas il téléphone à sa fille qui parle anglais et qui nous traduira ce que son père veut nous dire. Une rencontre comme ça, ça remonte la barre d'énergie au maximum !


Accueillis comme des rois

Le 3eme jour nous n'avons toujours pas vu de plages et une question me trotte dans la tête depuis un moment : "mais comment les filles peuvent profiter de la plage dans leur habit réglementaire ? Y a-t-il une dérogation ou non?" Et bien non, pas de dérogation. Les filles se baignent dans leur burka.
A mon avis c'est sûrement pour cette raison qu'il n'y a presque que des mecs sur les plages. Ca doit être assez insuportable de rester au soleil avec ça.

Vers Ramsar nous faisons une pause de 2 nuits dans un hôtel. Petit coup de blues dans cette ville, toute aussi moche que les précédente. Les villes ici : c'est toujours pareil. Une grande rue principale très longue et des plus petites rues qui donnent sur cette rue principale. Il n'y a pas de centre, pas de vieux monuments, pas d'informations touristiques et peu de verdure. Je pense à la France (déjà!) et je me demande bien ce que je fais dans cet hôtel miteux qui sent les égouts. Tiens ! Cédric vient de trouver un gros cafard de 4cm !

Le deuxième soir après Ramsar, pas moyen de trouver un endroit où dormir. On cherche un endroit tranquille sur la plage, sans âme qui vivent, mais la nuit va tomber et nous sommes toujours en train de rouler dans la ville de Mahmud Abad qui n'en finit pas de se prolonger.
Il est déjà tard quand la police vient nous parler. Bon, on parle... Grosse perte de temps.
Enfin on trouve un accès sur la plage. Il y a du monde mais basta. On n'a plus le choix. On se la joue tranquille en buvant un coup au bar histoire de faire connaissance avec le barman puis l'air de rien on lui demande si ça pose problème de dormir juste à coté. No problem ? Très bien.
C'est en montant les tentes qu'on se rend compte qu'on se trouve à 40 mètres d'un camp militaire.
Que disait le lonely planet ? Ne surtout pas dormir près d'un camp militaire ! Aie aie aie, la loose ... (expression de Mathieu) Pendant que je monte la tente, j'aime pas trop le regard de ces deux militaires à droite qui nous observent. Mouais ...


Bon je vous passe les détails mais en discutant un peu on sympatise avec les militaires qui s'avèrent être des appelés et tout celà se termine par une soirée à discuter avec nos deux appelés, le barman et des clients. Je teste pour la première le narguilé Perse.


Petite note : Les problèmes fréquents avec internet en Iran me permettent difficilement de mettre à jour mon blog. Je suis obligé de mettre des photos avec un minimum de résolution et même là, ça plante une fois sur deux. Je mettrai à jour le blog à Mashad aux alentours du 25 juin.

Ici le klaxon a beaucoup de rôles. Celui qu'on entend souvent c'est le coup de klaxon qui veut dire "attention les gars, vous et moi, là, ça va pas passer, alors rangez vous vite!".

Il y a aussi le coup de klaxon qui prévient le mec d'en face qu'il va falloir jouer serrer pour que tout le monde passe. A ce moment, tout le monde se déplace suffisamment pour que les voitures puissent se croiser. En Iran il n'y a rien d'étonnant à se croiser à 3 voitures sur une deux voies.

On a aussi le coup de klaxon qui veut dire "bonjour!" et là on va du klaxon type paquebot de "la croisière s'amuse" qui nous explose les oreilles, à celui type manège à sensation.

Enfin, le klaxon remplace efficacement le rétro, vu que personne ne regarde dedans. Quand un taxi sort de sa place de parking le mec qui va l'emboutir klaxonne pour le prévenir qu'il arrive et le taxi retente 3 secondes après. Si ça ne klaxonne pas c'est qu'il n'y a personne. Pas con ! Le problème c'est qu'on n'a pas de klaxon pour prévenir qui que ce soit alors on essaie d'avoir les yeux partout. Au début c'était l'horreur mais maintenant on est à l'aise pour traverser les villes.
Il y a des journées difficiles dans ce voyage et d'autres qui ne sont que du plaisir. Ces deux jours font partie de la deuxième catégorie.
Le 5 on visite le mausolée de Safi al din (dynastie Safavide) et je rencontre une Iranienne qui a très envie de communiquer avec un étranger. C'est d'ailleurs comme ça depuis notre entrée en Iran. Chaque pause pour chercher de l'eau à une station, acheter du pain ou pour demander notre chemin ameute rapidement une dizaine de personnes qui veulent toutes avoir "leur petit bout de Français". Chacun veut notre attention et les 3 mots d'anglais qu'ils connaissent sont invariablement prononcés avec un très fort accent Iranien. La traversée de l'Iran est ponctuée de coup de klaxonne et de "Hello hello!" de toute part.
Revenons sur notre Iranienne qui me donne quelques explications sur le Mausolée, me demande ce que je pense de l'Iran et de l'image de l'Iran dans le monde. Elle m'a d'ailleurs demandé de passer le message suivant "à la France, voir à l'Europe toute entière": "les Iraniens ne sont pas des terroristes et les gens sont gentils".
Et oui, les Iraniens souffrent beaucoup de l'image de l'Iran dans le monde et considèrent que cette image ne leur ressemble pas. Ils ont raison. Les Iraniens sont accueillants, ont le sourire facile et adorent rencontrer des étrangers. Il s'agit (dans mon ressenti) d'un pays sans danger. Je me sens plus en sécurité ici qu'en France, à la ville comme à la campagne.
La jeune fille et sa mère nous proposent de séjourner dans leur famille à Tabriz mais qui se trouve à 300 km dans le mauvais sens. Dommage.

Le mausolée de Safi al din

Ce n'est pas tout de rentrer dans une grande ville comme Ardabil, il faut aussi en ressortir. De nouveau un Iranien vient nous aider : il nous accompagne pendant quelques kilomètre en vélo afin de nous mettre dans la bonne direction.
La journée se poursuit tranquillement et le soir nous faisons la rencontre d'une famille en pic nic là où l'on pensait camper. Pendant qu'on réfléchit pour planter la tente de la manière la plus discrète (on aime bien notre tranquilité le soir) le père de famille vient vers nous avec des pâtisseries et nous invite à prendre le thé avec tout le monde.
On passe une bonne heure ensemble et on se quitte heureux de cette nouvelle rencontre.



Toute la "petite" famille

Le lendemain nouvelle rencontre mais avec des policiers. Je vois Cédric au loin en train de discuter avec eux et je commence à m'inquieter mais lorsque je les rejoins je me rends compte que les policiers sont souriants. Après leur avoir expliqué notre voyage ils nous offrent le thé et du pain. Je leur demande combien de mètres fait le tunnel qui se trouve à 100 m de nous et je tique quand il nous dit qu'il fait 800 m. Les tunnels, c'est toujours dangereux en vélo et en Iran plus qu'ailleurs. En voyant notre réaction ils se proposent de nous escorter dans le tunnel, ce qu'ils font en nous suivant avec leurs warnings.
La suite de la route n'est que du bonheur avec une grosse descente à 50 km/h direction la Caspienne.
Nous plantons la tente le soir sur la plage.


Ca sent les vacances.


Petite bière (sans alcool évidemment!) après la baignade.




Depuis que nous sommes entrés en Iran nous dormons sous la tente dans la montagne. Nous décidons de faire une petite pause de 2 jours à Orumieh afin de visiter une ville "historique" Iranienne.
Autant le dire franchement, c'est pas folichon. Beaucoup de voitures, de bruit et aucune cohérence dans les habitations.
Pour le côté historique, nous visitons le bazar, deux mosquées et une église.


Le deuxième jour je rencontre Vani, 22 ans, étudiant en médecine, avec qui je discute un bon moment. Il nous propose de dormir chez ses parents. Cédric n'est pas trop interessé. Il se méfie. Pour ma part ça me tente bien de dormir chez des Iraniens mais je me fie à son expérience du voyage et je refuse. Finalement c'est dommage vu qu'on passe une bonne soirée Vani et moi dans les rue de Orumieh. Il me propose de rester plus longtemps et qu'il pourra m'héberger plusieurs jours. Pour essayer de me convaincre de rester il me dit que si je reste on pourra aller à la fac demain et que je pourrais me trouver une copine Iranienne! :-) Elles sont d'ailleurs très jolies.
Je me rends compte que beaucoup de jeunes filles utilisent le foulard (obligatoire dans la rue) plus comme un accessoire de beauté que comme un moyen de se cacher.

Nous rentrons Vani et moi chez des marchands de Tapis. Le talent Perse n'est pas usurpé.


La route de Dogubayazit à la frontiere Iranienne est assez fatigante nerveusement. Plusieurs fois de jeunes bergers se mettent en travers de la route pour nous demander de l'argent. On se croirait dans un Western de Sergio Leone. A chaque fois le scenario est le même: 3 silhouettes au loin, deux de chaque côté et un au milieu, des bâtons à la main. Ce sont à chaque fois des gamins. Je pense que le phénomène est dû à des touristes qui ont cru bêtement bien faire en donnant leur petite monnaie Turque avant de rentrer en Iran.

Le passage de la frontiere se passe bien. La police prend nos empreintes digitales et nous laisse continuer notre route.

Le soir nous rencontrons un berger, son fiston, ses moutons et ses chiens. Nous restons ensemble un bon moment à ne pas se comprendre mais à échanger. Difficile à expliquer mais quelque chose passe entre nous.

Notre ami le berger, son fils et Cédric

Au moment de partir le berger nous embrasse trois fois puis demande à son fils de nous baiser les mains. Quand il se penche nous lui embrassons le crâne. C'est bon. Le rituel a été respecté. Notre ami nous laisse là, à notre tente, pendant qu'il repart doucement avec ses moutons. Un peu plus tard nous le voyons réapparaître. Il a cueilli du romarin qu'il nous offre.

Un doux premier moment en Iran.

About